Présentation
En janvier 2005, afin d’anticiper l’anniversaire des évènements de 1907, la ville de Narbonne commande à la Compagnie du Kiosque une création théâtrale. S’inspirant de la période précédant la grande crise viticole qui secoua le Midi au début du XXe siècle, Jacques Brun crée « L’Echo de la Robine – Café imaginaire ».
Souhaitant plonger dans l’histoire du Midi en évitant la reconstitution didactique, Jacques Brun choisit un café-concert comme « théâtre » de sa pièce. Ce choix d’un « Café imaginaire » - d’un lieu où grâce au pouvoir du vin tout devient possible - favorise les rencontres inattendues, crée des situations de jeu variées, permet d’alterner les tonalités. Tantôt réaliste pour nous ramener à une peinture sociale précise, tantôt jubilatoire en faisant appel à la comédie, « L’Echo de la Robine » baigne dans une ambiance musicale qui donne à entendre les chansons populaires de l’époque mais aussi des airs d’opéra grâce à la présence de la soprano Véronique Chevallier.
La première du spectacle a lieu le 29 Juin 2005 à Narbonne et sera suivie de cinq représentations. Adapté en Octobre 2005 afin d’être exploité, « L’Echo de la Robine – Café imaginaire » entame ensuite une diffusion en Languedoc-Roussillon. Le spectacle est repris à Narbonne en 2006 enrichi de deux nouvelles scènes et poursuit toujours son exploitation.
« L’Echo de la Robine – Café imaginaire » peut être donné en intérieur comme en extérieur et peut s’adapter à différents lieux qu’il mettra ainsi en valeur. Sa scénographie « éclatée » met le spectateur au cœur de l’action ; celui-ci devient ainsi client du « Café imaginaire »…
La venue du spectacle dans une ville peut permettre à celle-ci d’y associer diverses manifestations, autour du vin notamment, du patrimoine ou de l’Histoire.
Au cœur du spectacle
Des Refrains et des Mots
Narbonne, avril 1907.
Une soirée ordinaire.
Sur le canal de la Robine, la péniche « Marie-Thérèse » est à quai.
A son bord Justinien le journalier a fini de rouler ses fûts ; il rentre, une rude journée se termine.
A deux pas de là, un café, un café-concert. « L’Echo de la Robine », c’est son nom.
« L’Echo de la Robine » est un lieu singulier… Ici, on peut autour du piano, écouter et reprendre en chœur les chansons de ce début de siècle, tout en dégustant les différents crus du terroir. Mais on peut voir aussi, assis à la même table, le riche propriétaire et l’ouvrier agricole ; on entend débattre avec passion royalistes et républicains ; le ramonet et le fabriquant de futailles commentent un article paru dans « Le Tocsin » à propos de la crise qui touche le Midi. Pour applaudir Marthe, la chanteuse populaire, bourgeoises et lavandières se côtoient familièrement. On croisera même une diva internationale qui, s’étant égarée, interprètera là, comme à l’Opéra, de grands airs de Bizet ou Verdi…
« L’Echo de la Robine » un café où tout est possible …
Un café imaginaire donc ?
Pas si sûr…Cette diversité, ces barrières sociales qui s’évanouissent le temps d’une soirée, n’est-ce pas l’idéal de ce rêveur venu d’Argeliers, ce Marcellin Albert tantôt vigneron, tantôt cabaretier, tantôt comédien ? N’est-ce pas son rêve d’union qui prend corps tout à coup dans ce grand café ?
Marcellin justement, le voilà !
Usant d’une rampe d’escalier comme d’un plateau de théâtre, il déclame, un brin cabotin, le début de l’acte trois de « Ruy Blas », puis avec emphase, tresse les louanges du vin naturel, tance vigoureusement les fraudeurs avant de se lancer dans une joute oratoire avec le maire de Narbonne, Ernest Ferroul.
Le café devient Forum …
Dans l’assistance on applaudit ou l’on s’insurge ; certains se moquent du « Cigal », il est pour d’autres « le Sauveur » qui vient mettre fin à leurs souffrances… Le singulier personnage ne laisse personne indifférent. Autour de son discours naissent et s’expriment de nombreux sentiments : l’angoisse de la crise qui frappe, la révolte, l’espoir...
Puis la musique reprend ses droits.
Dans les verres, les robes des vins aux multiples couleurs scintillent…
Bienvenue à « L’Echo de la Robine ».
Pluralisme Artistique et Diversité Sociale
Dans « L’Echo de la Robine – Café Imaginaire », c’est l’utopie unitaire de Marcellin Albert que Jacques Brun a voulu représenter.
Son choix d’un café, comme unité de lieu du spectacle, lui permet de mettre en scène des personnages aussi divers que colorés et de restituer, dans sa complexité, l’atmosphère de ce début de siècle ; le contexte historique est ainsi porté par les destins individuels.
La fiction qu’il met en scène joue de tous les registres, de toutes les tonalités ; les scènes qui se succèdent sont tour à tour réalistes, poétiques, drôles ou graves. Quant à la palette musicale, elle est tout aussi variée ; la présence de la chanteuse lyrique Karla Doyen, permet au spectateur d’entendre des airs d’opéra célèbres aussi bien que des chansons populaires de l’époque…
C’est sur le mode festif et convivial que le spectacle nous donne à comprendre l’époque en nous proposant de partager, le temps d’une soirée au bord de l’eau, les rires et les chants des buveurs aussi bien que leurs craintes et leurs angoisses. Avec eux, dans la douceur du soir, laissons nous emporter.
Le Vin, fil rouge (ou rosé…) du Spectacle
Le vin comme fil conducteur.
Le vin, un fil rouge qui permet au spectacle d’éviter la fresque historique, la reconstitution didactique.
En autorisant les personnages à s’abandonner, à exprimer des propos partiaux, des partis pris, le vin est générateur de créativité, de situations de jeu.
C’est le vin qui apaise la querelle entre Germinal l’ouvrier militant et Justinien l’idéaliste, qui clôt le débat entre un républicain et un royaliste que tout oppose si ce n’est l’attachement à la patrie méridionale.
C’est le vin qui libère le chant d’une cantatrice égarée au bord de la Robine ; ce vin « sacré » qui justifie les envolées lyriques de Marcellin Albert appelant le Midi à l’unité pour défendre « la vigne chérie ».
Ce vin enfin réunit deux jeunes amoureux en dépit des menaces qui planent sur l’avenir.
Seul monsieur De la Fouille, le fraudeur mégalomane, boira l’eau du canal sous les quolibets des buveurs de « L’Echo de la Robine ».
Plan du Spectacle
Scène I : « Echos de la Robine »
Le café est le lieu de l’échange. Deux ouvriers agricoles, Justinien et Germinal, vont y confronter leurs points de vue sur la crise viticole : faut-il se résigner à la subir ou la combattre par l’organisation collective ? Quant à Piquemal et l’Héritier, ils vont porter le débat sur le plan national en opposant leurs valeurs, républicaines pour l’un, royalistes pour l’autre.
Autant de propos, autant de voix, qui permettront à cette scène d’ouverture de pénétrer en action le paysage économique, social et politique de ce début de XXe siècle.
Scène II : « La Diva Egarée »
Elisabeth Sterling a chanté dans les plus grands théâtres lyriques européens, de la Scala de Milan au Covert Garden de Londres dont elle est originaire. A la suite d’un quiproquo qui lui fait trouver l’Alcazar fermé, elle débarque sur le quai de la Robine, accompagnée de son impresario. Après avoir subi les lazzis des buveurs attablés, elle finira par conquérir l’assistance par le charme de sa voix.
Scène III : « Mathilde et Ferroul »
Il s’agit de présenter Ernest Ferroul en tant qu’homme, simple citoyen narbonnais venu le temps d’une soirée prendre un verre au bord de la Robine. Le ton est tout d’abord léger ; Ferroul qui est accompagné, trinque, plaisante avec Cécile la serveuse, déclame des vers en oc.
La crise viticole ressurgira cependant… Abordée elle aussi à échelle humaine, elle prend le visage d’une jeune Narbonnaise, Mathilde. Mathilde connaît depuis longtemps le « médecin des pauvres ». L’occasion est trop belle, elle doit aborder le maire de Narbonne, lui parler de son frère ; celui-ci, sans travail, n’est pas épargné par la crise ...
Scène IV : Marcellin et Ferroul
Voici deux tribuns, deux orateurs hors pair mais aussi deux ardents Méridionaux que l’histoire de 1907 va réunir et opposer. Le premier c’est encore « lo cigal » et non le « roi des gueux » ; tantôt conspué, tantôt acclamé, il est déjà sûr de l’efficacité de son verbe comme de sa foi en l’union du peuple vigneron. Le second n’en est plus à ses premiers discours. La foule le connaît, il connaît la foule. C’est un socialiste comme Jean Jaurès mais c’est aussi et surtout un socialiste du Midi. Paris est trop loin pour ce maire fougueux. Il a choisi son camp, celui des « purs » contre les « barbares » du nord ; celui des « petits » contre le capital, celui de la défense viticole comme Marcellin Albert…
Scène V: « L’invraisemblable monsieur De la Fouille »
Pénétré de l’esprit du positivisme, monsieur De la Fouille croit aux avancées infinies du progrès et affectionne les ersatz en tous genres, les élixirs magiques et les vins artificiels ; son inventivité est à la mesure de sa cupidité… Mais les buveurs de la Robine sauront démasquer le fraudeur…
Scène VI: «Cécile et Louis »
Elle est la charmante serveuse de « l’Echo de la Robine », il est fils de viticulteur narbonnais, ils se plaisent. Louis doit prochainement quitter la ville ; il part sous les drapeaux, dans le XVIIe d’infanterie… Cette soirée au bord de l’eau va les réunir, le temps d’une valse, le temps d’une chanson. Tout à leur bonheur, ils veulent ignorer l’avenir.
L'équipe
Mise en Scène : Jacques Brun
Texte : Jacques Brun
Création Lumière : Richard Marti
Décor : Jean-Yves Rabier
Partition Musicale : Philippe Brun (piano), Christine Posocco (Accordéon)
Costumes : Christabelle Saint-Loup
Recherche Documentaire : Bertrand Mouret, Paul Henri Viala, Françoise Brun
Son : Sébastien Rexovice
Comédiens : Charlotte Perrin de Boussac ou Aurélie Turlet ou Emilie Verrier, Didier Lagana ou Grégory Nardella, Jérôme Sanchez, Véronique Pain ou Sophie Sara ou Nausicaa Martinez ou Sandrine Clémençon ou Magali Braconnot, Jonathan Pérez ou Benoît Saladino, Jacques Brun, Gilles Buonomo ou Bruno Cécillon, Mickaël Viguier ou Philippe Hérisson, Charlotte Dextre, Philippe Maynadié, Patrice Ringot.
Chanteuse Lyrique : Véronique Chevallier ou Karla Doyen
ainsi que : Bertrand Mouret, Valérie Dumas, Cristel Claude, Magali Vergnes, Nathalie Cauquil, Michèle Villalongua, Julien Assémat, Luc Marc, Claudie Simonetti, Mélanie Sanchez, Luc Valente, Caude Gau, Stéphane Moreau, Anne Grivaud, Rachel Valat, Jérôme Galmes, Thierry Cauquil, Gérard Giroutx, Guy Esteban, Olivier Frézou, Monique Ringot, Marie Claire Lanfant, Marc Delpech, Caroline Brun, Mathilde Wallez, Bastien Gattegno, Julie Fidel, Christelle Rubin, Alexandre Fidel et Igor Brun
Crédits photos : Cathy Morgo, Nomah, Eric Haley, Philippe Peron
Production : Ville de Narbonne
Dans la presse