LA COMPAGNIE DU KIOSQUE - Destination Trenet

Présentation

« Chez Trenet, chaque texte est un scénario, chaque chanson une comédie musicale de poche… » Jacques Brun souhaitait depuis longtemps travailler sur l’univers poétique du « Fou chantant » ; l’idée étant de ne pas seulement imager un répertoire, mais bien d’y adjoindre un véritable travail d’auteur.
La fiction qui voit le jour à l’été 2002 conte l’histoire d’un voyage immobile, celui de la famille Gravillon. Dépités d’avoir raté le train des vacances, les Gravillon sont confrontés à un vagabond surgi d’on ne sait où… Après maints rebondissements ils finiront par répondre à l’invitation de cet étrange personnage et le voyage aura bien lieu tout en restant à quai… « Il suffit pour ça d’un peu d’imagination… »
La ville de Balaruc-les-Bains accueille la Cie du Kiosque à résidence en Octobre 2002.
« Destination Trenet » y est donné à quatre reprises réunissant prés de mille spectateurs.
A nouveau au travail sur « Destination Trenet » : Jean-Yves Rabier pour le décor, Serge Parizet pour la création lumière, Christabelle Saint-Loup pour la réalisation des costumes. En raison des besoins spécifiques du spectacle, Jacques Brun fait appel à Karla Doyen pour le travail vocal et à Guillermo Fernandez pour la manipulation de marionnettes. Sur le plateau, Magali Braconnot (Comédienne, Chanteuse, Violoniste) et Jean Charles Viven (Basson, Guitare, Saxo) collaborent pour la première fois avec la Cie du Kiosque et rejoignent sur le projet Mickaël Viguier, Jacques Brun, Emilie Verrier et le pianiste Philippe Brun.
A ce jour « Destination Trenet » compte plus de quatre vignt-dix villes visitées avec notamment deux passages à Narbonne en Mai 2003 au Théâtre » - (Scène Nationale) et en Août 2011 dans le cadre du "Festival Trenet"
A sa création « Destination Trenet » a reçu le soutien de la Région Languedoc-Roussillon, du Département de l'Hérault et de la Ville de Balaruc-les-Bains.

Au cœur du spectacle

"Destination Trenet" se raconte...

C'est l'été, les vacances.
Dans une petite gare de province, un train s'en va... laissant à quai la famille Gravillon.
Sont-ils en retard ? Le train est-il parti trop tôt...?
Incrédulité, colère, et bientôt dispute...
Les époux Gravillon échangent des propos aigres-doux au grand désespoir de leur fille, la petite Ida.
Augustin, le père, ne peut se résoudre à l'évidence ; quant à Ninon, elle rend son mari responsable de la situation et l'accable de tous les maux.
Mais tout à coup, quelqu'un les interpelle, qui semble les attendre... Un homme étrange, aux propos déconcertants.
Aux questions des voyageurs, il répond par des chansons, joue avec les mots, se plaît à mettre en scène de bien curieuses histoires...
Vagabond ou magicien ...?
D'abord troublés, irrités, Augustin, Ninon et la petite Ida se laisseront tour à tour séduire et emporter...
Le voyage aura bien lieu, tout en restant à quai...
Il suffit pour ça d'un peu d'imagination...

Dans « Destination Trenet », Jacques Brun ne se contente pas de donner à entendre le répertoire du « Fou chantant ». C'est à un spectacle total qu'il nous convie.
C'est en alliant étroitement chant et jeu dramatique qu'il restitue l'univers poétique de Trenet. La fiction dont il est l'auteur et qu'il met en scène, véritable fil rouge du spectacle, n'est pas seulement un prétexte aux chansons, elle participe elle aussi de l'esprit du poète.
Les comédiens, tour à tour acteurs et chanteurs, nous emportent dans un monde magique où les mots et les notes ont un étrange pouvoir de suggestion... un monde dans lequel l'ordinaire du quotidien recèle des bonheurs inattendus, pour qui sait encore s'étonner...

La Compagnie du Kiosque et Charles Trenet

L'idée de visiter le répertoire de Charles Trenet ne date pas d'aujourd'hui. Lors de la création de « La Compagnie du Kiosque » en 1993, notre premier spectacle « Le Kiosque à Musique », puisait largement dans le répertoire du poète chanteur. Des chansons comme « Fleur Bleue », « L'âme des Poètes », « Boum » côtoyaient la chanson réaliste d'avant-guerre ainsi que les refrains jazzy de St Germain des Prés.
Construit comme un triptyque, « Le Kiosque à Musique » offrait aux spectateurs une véritable « mise en images » de morceaux choisis dans l'immense répertoire de la chanson française.

Lors de la création du « Kiosque à Musique » il s'est avéré très vite que certaines chansons se montraient rétives à un travail dramaturgique et que la sobriété était le meilleur moyen de les servir et de les faire « résonner ». Inversement, l'univers de Trenet, lui, se révéla d'une richesse inouïe. Chaque texte était un scénario. Chaque chanson avait la souplesse de se muer en une comédie musicale de poche ! Un bonheur pour metteur en scène...
Avec « Destination Trenet » nous avons donc renoué avec le « Fou Chantant », en lui consacrant un spectacle pour lui tout seul...

Scénario et Narration

Chaque chanson de Trenet est un scénario, soit. Mais à partir d'un florilège de vingt à vingt cinq chansons, comment aborder la mise en scène ? Comment construire une dramaturgie à partir d'un pareil répertoire ?
Deux options s'offraient à nous : la première consistait à traiter les chansons de façon autonomes et à faire du spectacle un recueil d'histoires courtes, sans relations entre elles (c'était le parti pris du « Kiosque à Musique »). La deuxième option, qui nous a semblé plus séduisante, consiste à faire de chaque chanson, les rebondissements - les épisodes - d'une aventure.
Au-delà du travail musical, ce choix a donc nécessité l'écriture par Jacques Brun (Auteur, Metteur en Scène) d'une fiction.
Construire à partir de la substance poétique de Trenet, construire en évitant l'imitation, mais construire aussi avec notre griffe personnelle... Là réside le principal attrait de cette création.

Variations Trenet
Par Jacques Brun

Destination Trenet... par la Nationale 7 ou la Route Enchantée.
Dans une superbe Panhar et Levassor, nous irons voir La Mer ou bien Revoir Paris.
Et pourquoi pas, en passant par New York, un beau Voyage au Canada !
En équilibre Sur le Fil, entre Le Soleil et la Lune, Je Chante !
Un Rien me fait Chanter... Une Noix, un Coquelicot... je chante!
Y'a d'la Joie !
Bienvenue sur la planète Trenet !
« Holà funambule ! Vous oubliez votre Cheval ! »
... ?! Boum !
Tombé du Ciel... je suis tombé du ciel dans un jardin où des canards parlent anglais...
Où Le Serpent Python swingue sur les chansons du troubadour Trenet...
Bonsoir jolie madame... Vous qui passez sans me voir, sachez que Moi, j'aime le Music-hall !
Et vous Marquise, voulez-vous danser ? La Java du Diable ou celle des scaphandriers ?
La Polka du Roi peut-être ?
Non...?
Que reste-t-il de nos Amours ... Le Bonheur ne passe qu'une fois...
Le Piano de la Plage fredonne, mélancolique...
...
Mais tout à coup, voilà qu'un facteur s'envole,
Les fleurs s'habillent de bleu, la mer a des reflets d'argent,
Les mouettes me font bonjour, l'éclair qui luit fait...
Boum!
Et... et voilà que je me réveille... à la terrasse du Grand Café !? ...
J'aurais donc rêvé...
« Dépêchez-vous! » me presse le barman Raphaël
- qui au demeurant soigne bien sa clientèle -
« Dépêchez-vous, le spectacle va commencer! »
Le spectacle ?!
Quel spectacle...?
Mais oui!
Où dois-je aller ?
« Voyons Monsieur, Destination Trenet... »

Tintin et Le Jardin Extraordinaire
Par Jacques Brun

Pour construire « Destination Trenet », Jacques Brun s'est inspiré de la bande dessinée ; de son rythme, de ses couleurs...
Dans la réflexion qui suit, il joue à faire se rencontrer l'univers de Trenet et celui d'Hergé.
Réflexion sous forme de rêverie...

Comment ne pas penser à « Tintin au Congo en écoutant « Le Serpent Python »...
« La Java des scaphandriers » n'évoque-t-elle pas, le capitaine Haddock à la recherche du « Trésor de Rackam le Rouge »? Et n'imagine-t-on pas les Dupont sur la « Nationale 7 », dans leur décapotable verte, fredonnant « Boum » avant que leur moteur n'explose ?...
Hergé comme Trenet sont des prosélytes du voyage : le premier, envoie son jeune reporter sillonner le globe en quête d'aventures plus exotiques les unes que les autres... Le second, sans crayon ni gouache, construit avec des notes et des mots des « Jardins Extraordinaires », des « Routes Enchantées » qui nous font autant voyager.
Il y a chez Hergé comme chez Trenet une naïveté, une simplicité qui nous met en joie - une joie perceptible à ceux qui savent encore s'étonner...-
Mais ouvrons un album de Tintin pour le vérifier : « Objectif Lune », la dernière page ...
La fusée à damier rouge et blanc fonce dans l'immensité étoilée du cosmos. De la station de contrôle, un appel se répète, « Allô, allô, ici la terre j'appelle fusée lunaire...Répondez ».
Je considère pour la millième fois ces quelques vignettes et à nouveau, saisi par une douce anxiété, je frémis... Je frémis pour la millième fois...
Je souris aussi quand j'écoute pour la millième fois le grand Charles chanter « Le Serpent Python » ou « La Polka du Roi » ... je souris pour la millième fois...
Tandis que je fredonne avec « Le Fou Chantant », je lui fais poliment remarquer qu'il s'apprête à nouveau à oublier son cheval. Mais l'appel à nouveau retentit : « Allô allô, ici la terre j'appelle fusée lunaire... Répondez ». Prisonniers volontaires de leur vaisseau bicolore, en proie à une inquiétante léthargie, Haddock, Tournesol, Tintin et Milou restent étrangement muets...
« Ici la terre... » insiste l'appel, « Répondez... ». Non !... Je ne réponds pas... Tout comme eux, je ne réponds pas. Tout comme eux, je m'arrache à l'attraction de la terre. Léger comme un refrain de Trenet, je flotte à présent échappant à toute loi. Je flotte, infidèle à la vanité du monde des plus grands... Je flotte et j'oublie les simagrées obscènes du « jeu » social, les modes -ces prisons sournoises et vulgaires-, les vociférations et les impostures médiatiques, la tyrannie du désir aussi... Je retrouve tout ce que je croyais avoir perdu à jamais le jour où je fis mon entrée dans l'âge adulte... J'oublie mon corps. Je flotte comme poussière d'étoile... et je chante aussi... je chante à tue-tête :
« Je chante, je chante soir et matin, je chante sur mon chemin,
je suis heureux, j'ai tout et j'ai rien,
je suis heureux et libre enfin... »

Avec Trenet le Crayon Chante
Par Jean-Yves Rabier (Décorateur)

Je me retrouve à nouveau devant la fameuse page blanche…Charles Trenet ?...
J'écoute, je réécoute et... j'entends... La page blanche s'éveille et les croquis naissent. Légères et pleines d'humour, les chansons de Trenet n'ont peur de rien ; elles annihilent l'angoisse et le sévère ; heureux, le crayon chante.
Avec Trenet, la force de vivre est puissante; si puissante que même dans la mort, la vie surgit (« Je Chante »); que même les mannequins de cire éprouvent l'amour (« La Polka du Roi »). La joie de vivre est intense, jusqu'à briser les conventions; le ridicule n'a pas de prises. La réalité se pare d'un surréalisme discret.
Charles Trenet est habité par la foi, sa foi; et me voilà emporté dans son monde sans a priori...

L'équipe

Dans la presse

Enregistrer