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Autour de ses spectacles « La Compagnie du Kiosque » développe depuis sa création de nombreuses actions. Elle nourrit aussi différents projets.
L’espace « Flânerie » propose au visiteur un regard sur les activités passées et évoque les chantiers à venir. Il aborde certaines spécificités de la Compagnie et fait la place à diverses réflexions.
Le Théâtre et la Pierre
Pour toute l'équipe de « La Compagnie du Kiosque » - scénographe, créateur lumière, musiciens, comédiens - ce préalable constitue l'aventure de chaque projet.
Jacques Brun et le Patrimoine
Investir un lieu naturel ou patrimonial, bâtir des spectacles composant avec l'histoire et la géographie des lieux, Jacques Brun a depuis maintenant plus de vingt ans acquis une expérience importante en la matière.
C'est tout d'abord, en 1993 et 1994, le château d'Arques dans l'Aude qui, avec les opérations « Arques 1293 » et « Arques 1294 », lui permet de faire ses premières armes. Il répond là à une commande du Conseil Général de l'Aude, dans le cadre du Programme Européen Leader.
2001 voit la création de « Couleurs d'ivresse ». Répondant à une commande du département de l'Hérault et du groupement VPE, Jacques Brun écrit et met en scène cette pièce qui aura pour cadre la cave centenaire de Maraussan.
Toujours en 2001, dans le cadre de la XVIIe édition du festival du Minervois, Jacques Brun investit les gorges du Brian, au pied du village historique de Minerve, pour y monter la pièce de l'auteur Narbonnais Christian Pastre « La Légende d'Hélis ».*
Opéra au Château de Roquedols de Meyrueis
Après une mise en espace d'une version resserrée de l'opéra de Gounod "Mireille", Jacques Brun signe successivement les mises en scènes de "Carmen", "Le Barbier de Séville", Don Pasquale et "La Flute Enchantée.
Véritable écrin acoustique qui met magnifiquement la voix en valeur, le Château de Roquedols de par sa structure architecturale offre au metteur en scène des possibilités multiples. Pendant quatre ans, au gré des oeuvres travaillés Jacques Brun jouera avec les différentes facettes qu'offre ce lieu magnifique.
Château d'Arques
C'est le château d'Arques dans l'Aude qui, avec les opérations « Arques 1293 » et « Arques 1294 », permet à Jacques Brun de mettre en scène pour la première fois un spectacles sur un site patrimonial. Il répond là à une commande du Conseil Général de l'Aude, dans le cadre du programme Européen Leader. L’opération voit converger comédiens, musiciens ainsi que les charpentiers, tailleurs de pierres de l’entreprise Waringo de Cordes sur Ciel spécialistes des techniques de construction du XIIIe siècle.
La distribution réunit les comédiens Philippe Hérisson, Mickaël Viguier, Mireille Baduel, Patrick Goutanier ainsi que les musiciens Sophie Dedixmude et Laurent Bitaud.
Pour construire le scénario du spectacle et bâtir sa mise en scène, Jacques Brun s’appuis sur les conseils de l’historien archéologue David Maso avec qui il collaborera quelques années plus tard sur le site de Montaillou.
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Nicolas Gouzy
Cnec / Centre René Nelli
Pays Cathare :18 Août 1993
Autour du Spectacle Arques 1293...
Essentiellement, c'est un spectacle très prometteur. La satisfaction évidente du public, jusque dans les contraintes que sa fréquentation entraîne, en est le meilleur témoignage. Deux choses m'ont immédiatement marqué : la nécessité de présenter des gestes justes et utiles et le grand nombre d'enfants. Visiblement les personnes accueillies en ont plus qu'assez du faux semblant médiéval, du côté factice des reconstitutions habituelles ; et ce aussi bien pour les objets, l'ensemble du cadre physique, que pour les situations montrées, les activités ou métiers explorés. Tout ce qui ira dans le sens de la justesse, dans un sentiment de vrai (même si parfois seule la vraisemblance est possible) devrait convaincre un peu plus le visiteur. Dans cet esprit il faudrait d'autres métiers, d'autres gestes...métiers agricoles, notamment en extérieur de l'enceinte actuelle. Pour que ces gestes restent vrais, pour gué les artisans en situation de démonstration ne deviennent pas des professionnels de la pédagogie des métiers d'art, il est souhaitable que ce ne soit pas toujours les mêmes métiers qui fassent de la pédagogie et qu'un roulement s'établisse entre le travail effectif des artisans sur le chantier château et la présentation de leurs savoir-faire. Toujours dans cet esprit le déroulement d'une journée doit être le plus "réel" possible : en accord avec les saisons, les intempéries, la disponibilité des matériaux utilisés, les modes, les coutumes , tout ce qui règle l'écoulement du temps et son utilisation. Ce qui ne veut pas dire que l'on doit rester sur un espace de vie monotone ; quotidien n'est pas synonyme de routinier. Tout l'art de Brun et toute la connaissance du domaine historique concerné de Maso doivent se retrouver dans ce choix d'évènements qui rythmeront le quotidien et en donneront la saveur.
Il me semble également primordial de privilégier le public enfantin, de les faire participer activement à des occupations d'enfants du quatorzième siècle, enfants de la famille de Voisins ou enfants de roturiers...tresser des oignons ou des paniers, apprendre à chanter, leçons de bienséance...ce serait peut-être le seul public à être totalement intégré dans la vie du quatorzième, les adultes restant des voyeurs libres.
Le texte actuel et son jeu m'ont ravi De très justes moments d'émotion méritent d'être conservés. Dans un espace mieux "reconstitué" (avec plus de moyens) ces moments seront mieux servis. Je me suis juste étonné de ce que Isabelle de Voisins, comme femme et mère, soit si peu bouleversée par l'histoire d'une autre mère à qui l'on demandait de ne plus allaiter son enfant.
Je suis aussi très heureux que l'on dise du "mal" des cathares, c'est leur reconnaître une dimension historique qu'ils n'avaient pas jusqu'à présent. Certaines réactions du public sont très représentatives de cette habitude de ne concevoir le catharisme qu'au travers de nos conceptions modernes, de les mettre dans le camp des "bons" et de ne pas accepter qu'il puisse en avoir été autrement pour des personnes aux valeurs radicales et radicalement différentes. Dans ce château français, sur une terre de conquête, les cathares inquiètent, posent problème, dérangent. Dans leurs systèmes de légitimité le seigneur, son épouse et l'envoyé de l'Inquisition ne peuvent qu'avoir ces réactions-là. Il faut peut-être laisser s'exprimer plus fortement d'autres légitimités et d'autres types culturels (langues) : celles des habitants d'Arques, autrement que par de seules récriminations contre les impôts et taxes, celles des artisans-ouvriers sur le chantier du château, autrement que par de seules préoccupations techniques (ex : pourquoi n'assistent-ils pas aux offices ?).
L'anachronisme principal aurait été là, à Arques, de faire une fois de plus un panégyrique explicite du catharisme comme seul évènement historique localement valable, comme seule histoire de la région et/ou une présentation subjective et déformée du camp des "méchants".
Pour conclure j'aimerais assez dire qu'il y faut d'autres moyens pour d'autres histoires, d'autres gestes, d'autres métiers, dans un château en construction où la distance entre le spectateur et l'acteur ne doit pas tant être une distance historique que celle que pourrait créer la gêne d'assister à des évènements d'un quotidien plausible auxquels on ne participe que comme regard. Plus ce dialogue entre intimité d'un quotidien traversé d'évènements et liberté de voir et d'entendre sera alimenté de gestes, de paroles et d'objets vrais et mieux fonctionnera la machine à remonter dans le temps d'Arques 1993.
Projets
L’adaptation du roman de John Steinbeck « Des Souris et des Hommes », le projet d’écriture de Jacques Brun « Café des Promeneurs » font partie des chantiers à venir.
Café des Promeneurs
L'Histoire
Il est près de minuit dans une petite ville de province et, comme tous les soirs à cette heure, le Café des Promeneurs ferme ses portes. Les chaises sont sur les tables, le percolateur et la machine à pression sont nettoyés, et Odilon le patron donne un dernier coup de balai.
Survient alors un visiteur, un voyageur inconnu, un peu illuminé. C'est un rêveur impénitent. Il se nourrit sans cesse de bons mots, de poésies... Il est frémissant comme un arlequin et peu soucieux des convenances. Rapidement, Odilon, fatigué et peu enclin au divertissement, s'échauffe et lui demande de se retirer. Vaines prières, dont s'amuse le client incongru.
Sur un étrange duo désaccordé, commence alors la rencontre de deux êtres qu'en apparence tout sépare. Peu à peu pourtant, Odilon va répondre à l'invitation au auquel il est convié. Le visiteur sait délier les langues, mettre à nu les âmes.
Comme dans le roman de Lewis Carroll, où, le lapin blanc guide Alice jusqu'au gouffre qui la fera basculer au pays des merveilles, le singulier client usant d'un charme mystérieux, va insensiblement pousser Odilon dans une spirale onirique...
Mis à l'épreuve, confronté au sentiment amoureux après l'apparition d'une troublante créature, Odilon finira par faire craquer sa rude carapace.
Variations sur le Zinc - Naissance d'une idée -
Par Jacques Brun
Joyeuse fraternité ou ambiance désabusée ...
Visage hilares ou pathétiques ...
Les yeux vitreux d’un homme accoudé au comptoir, seul.
Le rire gras d'un autre à qui l'on sert à boire ...
Un type se met à gueuler ... Mon Dieu ... sa colère semble légitime ...
Mais de quoi parle-t-il ?
Il parle de football ; il parle de football comme si le sort de l'humanité était en jeu.
Et en voilà un autre qui se confesse ... publiquement ... et c'est triste.
« Brigitte mon épouse c'est un ange, elle m'a sauvé la vie » dit une voix ...
« Les femmes ?! Toutes des salopes » lui répond en écho la plainte d'une bouche pâteuse ...
Il y a ce type au regard clair, qui droit dans les yeux vous dit avec la candeur d'un enfant « Moi je suis raciste, c'est en moi ... j'y peux rien ... c'est comme ça ».
Il y a le joueur de belote qui chante aussi bien que Pavarotti, même que les gens disent que s'il y avait cru il aurait pu faire carrière.
Il y a son coéquipier aussi qui râle et balance violemment les cartes sur le tapis.
Il y a ce turfiste sublime qui ne gagne jamais. Tous les jours il déboule, brandissant un morceau de papier sur lequel figure les numéros magiques de tocards illustres ...
Il crie : « Cette fois c'est les bons! C'est sûr, je vais gagner! » ; et il joue, et il perd ... Pour la énième fois il perd ... Mais demain il recommencera ... il gueulera « Je vais gagner! » et il perdra à nouveau ... mais il recommencera encore ...
Ce type me réchauffe le coeur, il a la foi c'est sûr.
Il y a Antoine qui vous insulte avec bienveillance et que j'adore ...
Il y a Victor qui me sourit ... Je ne l'aime pas.
Il y a Violette qui passe boire un café - le vendredi seulement -, et que nos regards complices déshabillent.
Il y a aussi cette petite fille aux cheveux d'ébène qui vient chercher son père et fait dire à certains : « Si c'est pas malheureux ... »
Il y a des méchants, des gentils, des ni méchants ni gentils, des tantôt méchants tantôt gentils ...
Il y a des princes éphémères, il y a des reines, des rois et des valets, des devins qui vous tirent les cartes et des esclaves aussi ...
Quand les masques tombent, il y a des visages hideux ou sublimes.
Il y a des menteurs qui vous font rêver, des diseurs de vérités qui vous feraient vomir ...
Il y a l'alcool qui vous donne des ailes pour accéder au ciel.
Il y a l'alcool cet assassin.
Il y a le tabac dont les volutes galbées ressemblent aux hanches des femmes.
Il y a le tabac cet assassin.
Il y a dans les bistrots ce brouhaha hirsute et désordonné qui ressemble à la vie.
La Fable
"Nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres,
qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes."
La Roche Foucauld
Odilon, bistrotier, a depuis longtemps troqué ses rêves et ses désirs contre une peau d'ours.
Mais voilà qu'un soir, un étrange visiteur le convie à une escapade « poétique »...
« Victime » de ce jeu singulier, Odilon va devoir se confronter à lui-même ...
S'engageant malgré lui dans un parcours initiatique où il ne s'agit plus de perdre son âme d'enfant, mais bien de la retrouver, Odilon d'abord rigide et froid au charme du visiteur, finira par succomber ...
Grâce à l'apparition d'une femme, ultime tour de passe-passe du visiteur, il va définitivement basculer dans la rêverie, l'onirisme, admettant enfin de mettre à nu cette part de lui-même trop longtemps enfouie, cette part juvénile dont il était mutilé.
« Espaces » Organisation du Plateau
par Jacques Brun
Le Plateau tout d'abord. Posé sur du rien. Plate-forme qui flotte.
Sur le plateau : fragments de décor. Invitation faite à l'imagination à compléter l'espace à sa guise.
Sur le plateau : baies translucides, lucarnes sur l'extérieur.
Un extérieur infini et improbable.
Un extérieur qui nous renvoie parfois les lumières d'une ville, parfois une lueur dans la nuit, puis le néant... puis la vie, à nouveau... le scintillement des étoiles, le cosmos...
Un extérieur multiple. En mouvement.
...? À moins que ce ne soit le lieu qui soit en mouvement...
Un lieu qui voyage donc. Un lieu qui navigue au gré de l'action.
Un lieu « vaisseau ».
Un vaisseau avec son poste de commande, sa barre tantôt tribord, sa barre tantôt bâbord, timon en forme de bar.
Le bar : nombril du lieu.
Le bar avec sa machinerie, ses divers combustibles...
Le bar dont la patine témoigne des destins qui s'y sont accoudés.
Destins qui s'incarnent : deux protagonistes. Puis trois.
Trois comédiens sur le plateau.
Equilibrer le plateau. Façonner l'espace. Mettre en assonance le lieu et l'action.
Trois comédiens sur le plateau.
Des lignes à tracer. Des lignes qui se croisent, des lignes parallèles...
Des lignes à tirer au cordeau.
Trois comédiens sur le plateau.
Des triangles bien sûr ! Tracer des triangles.
Tracer des triangles comme le faisaient nos ancêtres sur leurs cartes pour ne point se perdre sur la mer océane.
Des Souris et des Hommes
En route.
Un Roman, comme au Théâtre
Par Françoise Brun
L’importance accordée aux dialogues est en effet frappante et les descriptions, essentiellement situées au début des chapitres, ressemblent à des indications scéniques. En outre, la structure du roman correspond singulièrement à la règle maîtresse de la dramaturgie classique : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. » (Boileau ; Art Poétique)
Chaque chapitre présente en effet une unité de lieu : les bords de la Salinas (1 et 6), le baraquement (2 et 3), l’écurie et la sellerie qui la jouxte (4 et 5) ; de plus, les chapitres situés en extérieur enserrent ceux qui se déroulent dans le ranch et confèrent ainsi à l’œuvre une structure circulaire : le retour de Georges et Lennie sur les bords de la rivière matérialise à la fin l’impossible salut, l’implacable destin.
La durée de l’action est d’autre part, extrêmement ramassée : trois jours seulement s’écoulent entre l’arrivée au ranch des deux « héros » et la mort de Lennie.
Quant à la dynamique du récit, elle se confond avec les rêves des personnages : l’acquisition d’une ferme, des lapins à soigner…Le véritable moteur de l’action est en réalité, la pulsion obsessionnelle de Lennie et, dès le départ, tout semble d’ailleurs joué… Steinbeck ménage, des reprises, des échos, des parallélismes qui accentuent le caractère fatal du récit : dès le prologue nous savons que Lennie tue « toujours » les souris qu’il caresse ; nous savons aussi qu’il sera bientôt empêtré dans une autre « sale affaire » et que les fourrés de la Salinas seront le cadre d’un nouveau drame. Quant à l’épisode du vieux chien qu’on abat, il préfigure clairement l’acte final de Georges. Coupable et victime, Lennie « se livre en aveugle au destin qui l’entraîne » (Racine ; Andromaque).
Comme chez Racine en effet, seuls le jeu des désirs, l’évolution des passions, la dérive des sentiments provoquent l’issue mortelle… Tout l’art « consiste à faire quelque chose de rien » (Racine ; Préface de Bérénice).
C'est, cette économie de moyens, cette pureté de lignes qui donnent au roman de Steinbeck toute sa force et son immense pouvoir d’évocation…Peu d’événements, peu de mots, et pourtant tout est là : l’Homme et la Femme, la douceur et la violence, l’innocence et le mal, l’illusion et le réel, l’amitié et la solitude. Jamais le narrateur n’intervient, jamais l’auteur ne se prononce : nous restons des observateurs, des spectateurs…Mais, comme le souligne J. Kessel dans sa Préface au roman, « le livre une fois fermé (…) nous achevons le travail du romancier. Nous complétons le canevas, nous remplissons la trame. » Rideau.
Ambiances
Par Serge PARIZET (Créateur Lumières)
J'ai découvert Steinbeck à la TV, je devais avoir dix ou onze ans, c'était « Les Raisins de la Colère » : L'histoire d'une famille de fermiers dans la tourmente de la crise de 1929 ou plus exactement « The Dust Bowl », la tempête de poussière qui jeta des centaines de milliers de gens sur les routes quelques années plus tard. La fameuse « Road 66 », symbole de la frontière toujours repoussée vers l'Ouest devenant alors la route de l'exode.
Au delà de toute cette détresse et de l'exploitation de cette misère par les grands propriétaires fonciers, Steinbeck mettait en avant la famille comme le clan fondamental, le lieu originel de l'entraide et de la résistance sociale.
Des années plus tard, je lus « Tortilla Flat » et « Rue de la Sardine », romans picaresques où l'on ressent cette veine extraordinaire de sympathie de l'auteur pour tous ces personnages un peu « foutraques ».
« Des Souris et des Hommes » reprend le contexte de l'après crise de 1929 dans les campagnes. La nature y est plus présente, une nature généreuse et cruelle dans son insensibilité aux tourments des hommes.
Elle est végétale, reposante, c'est la rivière qui coule, les grands arbres penchés. Elle est là pour tous ceux qui rêvent de retrouver « Le Jardin d'Eden ».
Notre imaginaire est nourri de ces paysages nord-américains baignés d'une belle lumière solaire: On y voit une route poussiéreuse droite jusqu'à l'horizon. A ce carrefour désert, une station Texaco où des vieilles pompes rouges attendent une Ford T à plateau. Ou encore cette belle maison côtoyant un champ de blé. Sur la véranda blanche, un couple est installé, silencieux...
Le tourment des âmes dans la beauté et l'immobilité de la Nature.
Mais la réalité du ranch est plus austère et plus rugueuse qu'un tableau d'Edward Hopper, les peaux sont tannées par un soleil ardent et les hommes endurcis par toutes ces années noires.
Rien de ce qui existait hier n'a plus cours aujourd'hui, sauf peut être ce qui unit Georges et Lennie.
A propos du Spectacle
Par Jacques Brun
Prendre la main de Lennie…
Michel Houellebecq « Interventions »
Lennie c'est l'innocence. L'innocence de « Heureux les simples d'esprit » dont parle Le Livre. Une innocence au parfum de Rédemption. Je ne peux me décréter innocent sous peine de mensonge et d'imposture. Mais tout comme Georges je peux en prendre le parti, et prendre, tout comme Georges, la main de Lennie.
Solitude…
Lumière…
Même traitement pour l'épilogue. Lumière crépusculaire cette fois ci. Il faudra tresser un linceul de couleurs au colosse qui s'envole. Un linceul « rose de soleil ».
Autres Spectacles
- Les mises en Scènes ci-après sont le résultat de commandes adressées à Jacques Brun par des compagnies autres que « la Compagnie du Kiosque », des associations, des établissements scolaires (lycées, collèges), des structures territoriales (communautés de communes, Syndicats intercommunaux, villes…)
- Tous les spectacles qui suivent ont été présentés en public une ou plusieurs fois. Tous ont fait l’objet d’une création lumières et d’une création costumes. Certains de ces spectacles ont été « enrichis » par la présence d’un ou plusieurs artistes ou techniciens professionnels*
2023/
"Jean Baptiste et Jean - Rendez-vous au XIIe"
avec "L'Atelier du Kiosque"
Atelier Théâtre Adulte de la Cie du Kiosque
2021/
"L'Extravagant Monsieur Valentin"
avec "L'Atelier du Kiosque"
Atelier Théâtre Adulte de la Cie du Kiosque
2019/
"Molière 2019"
avec le Foyer Culturel de Sallèles d'Aude
2018/
"Courteline de toutes les Couleurs"
avec "L'Atelier du Kiosque"
Atelier Théâtre Adulte de la Cie du Kiosque
2017/
"Vous avez dit Loufoque ?"
avec "L'Atelier du Kiosque"
Atelier Théâtre Adulte de la Cie du Kiosque
2014/
"Molière Cocktail"
avec le Foyer Culturel de Sallèles d'Aude
2013 /
« En remontant le Boulevard René Tulet »
(Forme Théâtrale et Musicale à partir de différentes pièces du Félibre René Tulet)
Production : Ville de Poussan
(* Avec la présence des comédiens Jérôme Sanchez, Nausicaa Martinez, Gilles Buonomo, Julien Assemat, Philippe Maynadié, Anaïs Assemat, Jacques Brun, l’accordéoniste Christine Posocco ainsi que Charlotte Lopez et Pierre Michelet
Création Lumière de José Guardiola, Images et Projection Michel Daumur, Son Sébastien Rexovice)
2012 /
"Des Mots et des Maux"
avec le Foyer Culturel de Sallèles d'Aude
2011 /
«A la Folie»
avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez.
2010 /
"Courteline à tous les Etages"
avec le Foyer Culturel de Sallèles d'Aude
(avec la présence de l'acordéoniste Christine Posoco et de l'éclairagiste José Guardiola)
«Disputes »
avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez.
2009 /
«De Thèbes à Trézène»
Avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez
«Théâtre en Vrac»
Avec le Foyer Culturel de Sallèles-d’Aude
(* Avec la présence de l’accordéoniste Christine Posoco et de l’éclairagiste Sébastien Bunel)
2008 /
« Divine Dispute »
(Adaptation du « Débat de Folie et d’Amour » de Louise Labé)
Production de la compagnie « Harmonia del Arte »
(* Avec la présence de la soprano Karla Doyen, de la comédienne Lamya Safer et de la violon gambiste Odile Michelet)
2007 /
«Paroles de Vignerons » (Conférence Spectacle)
Avec le Foyer Culturel de Sallèles-d’Aude
(* Avec la présence des comédiens Didier Lagana, Jérôme Sanchez, Philippe Maynadié de l’accordéoniste Christine Posocco, du chanteur « La Sauze » de l’éclairagiste Sébastien Bunel, du vidéaste Frédéric Ladoué et du conférencier Rémi Pech)
"Les Plaisirs de l’Ile Enchantée"
Production de « La Cie du Kiosque » en collaboration avec la Compagnie « Harmonia del Arte »
(* Avec la présence les comédiens Jérôme Sanchez, Benoît Saladino, Amélie Pacaud, Claudie Simonetti ; les musiciens Olivier Papillon, Rodolphe Kowal , Alberta Smith ainsi que le Chœur de Chant « Aubade »)
«Méli-Mélo Théâtro »
Avec le Foyer Culturel de Sallèles-d’Aude
(* Avec la présence de l’accordéoniste Christine Posoco et de l’éclairagiste Richard Marti)
2006 /
« Rendez vous sous le Marché avec Monsieur Tulet »
(Forme Théâtrale à partir de deux pièces du Félibre René Tulet)
Production : Ville de Poussan
(* Avec la présence des comédiens Jérôme Sanchez, Grégory Nardella, Emilie Verrier, Mickaël Viguier, Philippe Maynadié, Jacques Brun ainsi que l’accordéoniste Christine Posocco)
2005 /
« Les Troyennes »
Avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez
2004 /
« Autour d’Antigone » et « Chanter l’Alexandrin »
Avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez
« Rêverie Autour d’un Nez »
Avec le Syndicat Intercommunal Cesse et Brian
(* Avec la présence du musicien Jean-Charles Viven)
« Théâtre en Vrac »
Avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez
2003 /
« Un Ruban pour Figaro »
Avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez
(* Avec la présence de la danseuse et chorégraphe Rita Cioffi)
« Quintessence »
Avec le Collège Via Domitia de Poussan
(* Avec la présence de l’éclairagiste Richard Marti)
2002 /
« A Chœur ou Vers »
Avec « Rendez-vous Culturels en Minervois »
(* Avec la présence de l’éclairagiste Roger Teychon, du décorateur Jean-Yves Rabier, de la Violon gambiste Jeannette Canon et du comédien Jérôme Sanchez)
« Autour de Roméo et Juliette »
Avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez
(* Avec la présence de la danseuse et chorégraphe Rita Cioffi)
« La Princesse de Marbre »
Avec la troupe « Hors Loges »
(* Avec la présence du décorateur Jean-Yves Rabier)
2001 /
« Le Défilé des Dieux et autres curiosités »
Avec la troupe « Hors Loges »
(* Avec la présence du décorateur Jean-Yves Rabier)
"En Attendant Karl Valentin"
Avec le Collège Jules Ferry de Cazouls lès Béziers
« Coups de Théâtre »
Avec « Rendez-vous Culturels en Minervois »
(* Avec la présence de l’éclairagiste Serge Parizet, du décorateur Jean-Yves Rabier et du comédien Jérôme Sanchez)
« Autour d’Antigone »
Avec le Lycée Pompidou de Castelnau le Lez
2000 /
« Je me souviens »
Avec le Lycée Joliot Curie de Sète
« Les Exercices »
Avec la troupe « Hors Loges »
(* Avec la présence du décorateur Jean-Yves Rabier)
« Le Songe Molière »
Avec le Collège Jules Ferry de Cazouls lès Béziers
« Poussan au Temps du Moyen-âge »
Avec le Collège Via Domitia de Poussan
1999 /
« La Méditerranée en Bleu et Noir »
Avec le Lycée Joliot Curie de Sète
« Eclats de Scènes »
Avec le Collège Jules Ferry de Cazouls lès Béziers
1998 /
« Théâtre en Vrac »
Avec le Collège Jules Ferry de Cazouls lès Béziers
(* Avec la présence du décorateur Jean-Yves Rabier)
« En Attendant Karl Valentin »
Avec la troupe « Clin d’œil » - Canton d’Ouveillan
(* Avec la présence du décorateur Jean-Yves Rabier et de la comédienne Hélène Azéma)
1997 /
« Au Salon de la Rue des Moulins »
Avec la troupe « Clin d’œil » - Canton d’Ouveillan
(* Avec la présence de la comédienne Hélène Azéma et du comédien Michel Cordes)
« Le Songe Molière »
Avec le Collège Jules Ferry de Cazouls lès Béziers
« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans »
Avec l’atelier « Théâtre Ados » MJC Saint-Pons
(* Avec la présence de l’éclairagiste Serge Parizet et du décorateur Jean-Yves Rabier)
1996 /
« Le Zapping des Dujaur »
Avec l’atelier Théâtre MJC St-Pons et Collège du Jaur St Pons
(* Avec la présence du décorateur Jean-Yves Rabier et de la danseuse Hélène Azéma)
« En Attendant Karl Valentin »
Avec le Collège Jules Ferry de Cazouls lès Béziers
1995 /
« La Princesse de Marbre »
Avec l’atelier « Théâtre» MJC St-Pons et Collège du Jaur St Pons
(* Avec la présence de la danseuse et chorégraphe Rita Cioffi)
1994 /
« Le Songe Molière »
Avec le Collège du Jaur de Saint-Pons de Thomières
(* Avec la présence du graphiste Michel Simon)
1993 /
« Saint-Pons au Temps du Moyen-âge »
Avec le Collège du Jaur de St-Pons de Thomières
A propos de...
Ecriture : Etape 1
L'écriture d'un spectacle... quelle aventure, quelle angoisse... un désert à habiter, un gouffre à combler...
Tout d'abord sous le crâne un magma informe: bribes de personnages, fragments de répliques, scénarios qui naissent puis se dérobent pour finir en lambeaux ...
Ces journées interminables où la feuille reste blanche ...
Les jaillissements d'écriture, torrents de mots qui dégringolent...
Le doute...
L'imagination qui gambade...
Ces quelques proches à qui, anxieux, on se risque à lire les scènes en chantier ; ces quelques proches à qui l'on permet de partager avec vous l'intimité du texte naissant.
Une architecture d'images et de mots se construit... mélange de souffrances et de joies.
L'Artiste et le Vigneron
Par Jacques Brun
Auteur et Metteur en Scène de « Couleurs d’ivresse » en 2001, Jacques Brun est aussi fils de vigneron. Réflexion
Le geste est vif, précis, efficace. Il est à la fois ample et incisif, ne souffre d'aucune affectation, d'aucune hésitation. L'Homme est en action. Débarrassé du souci de paraître, il s'oublie, et il devient l'action. La technique se mue en une forme d'élégance déterminée; l'effort transpire d'une grâce émouvante. Et alors enfin, là, sous mes yeux, l'Homme devient utile. Utile et fécond.
Un danseur ? Un comédien qui joue ? Non, mon père dans ses vignes, qui taille, qui façonne ses souches.
D'autres images reviennent : je revois mon père les reins meurtris après une froide journée d'hiver... je le revois aussi, un matin d'avril, qui rentre à la maison, ému, une jeune pousse de sa vigne dans la main, une jeune pousse de sa vigne noircie par le gel...
Ces souvenirs sont toujours là, je ne les occulte pas... Ils sont au contraire une sorte de toile de fond dans mon travail, un garde-fou. Moi, qui au Théâtre joue avec l'illusion, la terre sous les chaussures de mon père se charge de me renvoyer au réel, de « me remettre les pieds sur terre... » Mais si la terre me renvoie au réel, elle me renvoie aussi à l'immuable, à l'indicible, je la pressens chargée de sens, elle me dépasse et je sens qu'elle m'invite à la recherche, à la quête.
Dans mon travail quotidien, ma recherche théâtrale, dans le sillon que je tente de tracer, moi, le fils de vigneron, je me pose sans cesse la question de mon utilité...
Je reste persuadé que le Théâtre doit tendre vers une forme d'universalité. Certains spectacles ne peuvent se révéler à tous, bien sûr; il serait démagogique d'affirmer le contraire, mais on doit en percevoir le souffle. « J'ai pas tout compris, mais c'était bien! » me disait un de mes élèves collégiens à la sortie d'une très belle représentation.
L'élaboration d'un spectacle est chose fragile, et sa maturation en est lente et sensible. Les différents éléments de l'équipe qui le construisent, doivent chacun, avec leur spécificité, converger vers un même but, un même dessein. Pour cela, ils devront faire fi de leur fierté, de leur « ego », donner le meilleur d'eux-mêmes, s'oublier eux aussi. Il y aura des phases de doute, de tension, de dépression... Et puis le jour de la première vient, et là, dans une effervescence à son paroxysme, dans un bouillonnement d'émotions contradictoires, dans une ultime convulsion le spectacle naît. Puis vient la joie... - Le plaisir se consomme, la Joie elle, éminemment supérieure, se construit. -
Elaboration, maturation, bouillonnement, émotions contradictoires .... à nouveau, des images, mais aussi des parfums et des bruits remontent à la surface. L'odeur du raisin écrasé, les éclats de voix, le tumulte des tracteurs, des machines sur le plan de la cave, « l'explosion » sensuelle des cuves en fermentation... La vendange est là.
DECADE groupe Rock
Philippe et Jacques Brun fondent le groupe « Décade » au début des années quatre-vingts. Après une première période qui voit différents musiciens contribuer à la construction du groupe, « Décade » trouve son équilibre avec la rencontre du bassiste Daniel Savary et du Guitariste Alain Morana. Bientôt rejoint par la chanteuse Cécile Garcia et le batteur Bruno Lamigeon, le groupe, autour des compositions de Philippe Brun, se construit un répertoire. Participant à l’effervescence de la scène rock Montpelliéraine des années quatre-vingts riches de nombreux groupes, de nombreux lieux de concerts, « Décade » construit son identité sonore et fait le choix du Français pour les textes de ses chansons. La dernière période voit le groupe se resserrer et poursuivre son travail de recherche et de création.
Quand Jacques Brun crée « La Cie du Kiosque » en 1995, la musique va occuper une place prépondérante au fil des créations. « Couleurs d’ivresse », « Un siècle, une Nuit », « l’Ombre au Diamant » ; ces différents spectacles seront assortis de créations musicales originales signées Philippe Brun. En 1998 le guitariste de « Décade » Alain Morana se joint à la création de « Horla » pour interpréter la partition de Philippe Brun dont les sonorités et l’esprit renvoient à l’épisode rock des années quatre-vingt.
Philippe Brun. Claviers. Compositeur de « Décade »
« Décade » : Echos…
CONQUISTADOR
Plus haut, toujours plus loin
Au reflet des casques qui scintillent
A travers la forêt vierge
La longue colonne qui chemine
Mystérieuse, fragile
Entre soie, dentelles, et crinoline
Son regard insensible
Au fracas de vos armes qui hurlent
Toujours plus loin, plus haut
Despacito la selva los apriciona
Lentament Eldarado desaparece
Di me tu conquistador porque to suèno
Di me to conquistador porque ?
Di me porque to mirada va tan lejo ?
Di me to conquistador porque ?
Toujours plus loin, plus haut
Grandiose, Sordide
Je lis sur vos traits qui se tendent
Le crépuscule de vos rêves
Où l’Eldorado se fait attendre
Despacito la selva los apriciona
Lentament Eldarado desaparece
Di me tu conquistador porque to suèno
Di me to conquistador porque ?
Di me porque to mirada va tan lejo ?
Di me to conquistador porque
No oyes su silencio
No oyes su silencio
Su silencio sera Eldarodo que buscas
Conquistador escucha…
Conquistador escucha…
Toujours plus loin, plus haut
Toujours plus loin, plus haut
Nunca encontraron el tesoro…Nunca encontraron el tesoro…
DIVA DIVA
C’est à Paris que ça commence
Pour une fleur Jim obtient un danse
Slow ou tango brûlant contre ta peau
Qu’importe le pas que Jim vient de franchir
Ça continue et ça s’étire
Via Roma dans la ville éternelle
Ephémères étreintes que Jim a capturées
Soufflant en vain les braises de ta passion éteinte
Rita le sait mais ne s’en soucie vraiment pas
Montant une à une les marches marbrées des opéras
De Paris à Caracas, de Bagdad à celles de la Scala
Rita chante sans le voir, Rita chante sans même l’apercevoir
Que te faut-il Rita ?
Des promesses, des parfums, des fleurs
Ou bien du sang et des esclaves
Aujourd’hui comme hier
Dans la sphère hypnotique de l’antique Roma
Passion de Jim selon tes formes ? Ou bien amour difforme ?
Tous tes regards sont des bouées teintées de sang
Pour les yeux dilatés de ce pauvre innocent
D’où le calme s’échappe et la raison s’égare
Rita le sait mais ne s’en soucie vraiment pas
Montant une à une les marches marbrées des opéras du monde
De Paris à Caracas, de Bagdad à celles de la Scala
Rita chante sans le voir, Rita chante sans même l’apercevoir
Et de charter en train sous d’énièmes parallèles
Chevauchant insolent tous les fuseaux horaires
Les doigts de Jim s’écorchent en s’accrochant à toi diva
Que te faut-il Rita ?
Des promesses, des parfums, des fleurs
Ou bien du sang et des esclaves
Aujourd’hui comme hier
Sous les murs de Bagdad
La lune qui éclaire ce soir les murs de Bagdad est un Croissant
Inachevé…