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Présentation

Paroles Cathares

Le village de Montaillou en Haute Ariège est internationalement connu grâce au livre d'Emmanuel Leroy Ladurie «

Montaillou village occitan ». Le travail ethnographique de cet universitaire a révélé l'histoire de ce petit village de montagnards durant la période de l'Inquisition menée contre les Cathares (1294 /1324).
En 1997, l'association « Le Castellas » demande à Jacques Brun de réfléchir à une forme de spectacle sur le site. Avec l'aide de Françoise Brun (co-adaptatrice de « Horla ») de David Maso (historien, archéologue) et du Centre National d'Etudes Cathares, Jacques Brun construit sa pièce en s’appuyant sur l'ouvrage de Leroy Ladurie ainsi que sur les traductions des registres de l'Inquisition de Jean Duvernoy.
Le résultat de ce travail : la pièce itinéraire « Paroles Cathares » jouée en Août 1997 devant plus de six cents personnes. « Paroles Cathares » sera reprise sur plusieurs jours en Août 1998 assortie d’un florilège de manifestations : conférences, concerts, rencontres, débats, lectures… auxquelles plus de 1500 personnes assistent.

Montaillou a été le lieu de création de « Paroles Cathares » mais le spectacle peut investir d’autres sites. L’adaptation du spectacle au lieu d’accueil fera l’objet d’une réflexion scénographique entre les organisateurs et La Compagnie du Kiosque.

Au cœur du spectacle

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Des Sources à la Scène

Par Jacques Brun

Grâce à la traduction des registres de l'Inquisition par Jean Duvernoy et au livre d'Emmanuel Leroy-Ladurie « Montaillou village Occitan », nous avons la chance de bénéficier d'une somme conséquente d'informations concernant Montaillou.
Ces ouvrages m'ont servi de références pour l'écriture de « Paroles Cathares».
Par ailleurs, afin de m'immerger dans l'histoire des Cathares et d'améliorer mes connaissances, j'ai eu recours à d'autres ouvrages (Anne Brenon,  René Nelli…). J'ai complété ces lectures par de longs entretiens avec David Maso, archéologue et historien, avec qui j'avais déjà collaboré sur les spectacles « Arques 1293 » et « Arques 1294 ».
Si la traduction des registres de l'Inquisition représente un outil  de référence exceptionnel, l'aspect brut de ces documents nécessite une méthode pour en extraire les passages utiles à l'écriture. Ce travail de passage au crible a été mené par Françoise Brun, agrégée de lettres modernes, avec qui j'ai  adapté la nouvelle de Guy de Maupassant « Le Horla ». La somme des documents relatant la vie du village de Montaillou est relativement riche ; restait à choisir quels événements, quels faits serviraient de toile de fond à l'écriture du spectacle.
Je n'ai pas souhaité privilégier l'aspect anecdotique des choses, ni tomber dans le vaudeville médiéval auquel se prêtaient pourtant certains personnages de l'histoire de Montaillou  (Béatrice de Planissole, le curé Pierre Clergue…).
La démarche que j'ai adoptée consiste à inscrire la réalité locale dans un contexte historique, à évoquer à partir de la vie d'un village la réalité d'une époque. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, c'est bien cela qui m'intéresse : raconter à travers l'histoire d'un village comme  Montaillou une histoire plus universelle, celle des Cathares, de leur persécution, de la nature de leur foi.
Dans le florilège d'événements recensés à Montaillou, c'est le récit de la rafle de l'été 1308 figurant dans la déposition de Pierre Maury qui a fait l'objet de mon choix. Cet épisode tragique de la vie du village m'a tout de suite paru un terrain idéal pour aborder certains aspects de l'histoire du catharisme au prisme d'une population paysanne.
Dans « Paroles Cathares »  point  de gardiens de l'orthodoxie pro ou anti-cathares, seule  s'exprime une parole à l'état brut avec ses interrogations, ses angoisses, ses espérances et ses fantasmes.
Tenter de restituer l'ambiance d'un village à l'aube du quatorzième siècle, dans une période « brûlante » et tragique, voilà ce qui constitue la démarche de mon travail d"écriture. Les situations, la construction des personnages se sont effectuées en fonction de ce concept.
Si une rigueur historique sert de base à l'écriture afin de conférer au spectacle sa crédibilité,  l'intrigue, elle, laisse une large part à la fiction. Fiction s'inspirant la plupart du temps d'ailleurs de situations réelles.
Le comportement des personnages et leur discours, leur « fabrication », sont parfois la synthèse de plusieurs destins, de plusieurs témoignages. Pour exemple, le personnage de Pierre Arzelies est construit à partir de la déposition de Pierre Maury, berger de Montaillou interrogé par l'Inquisition en 1323 et du « parfait » Pierre Authier, interrogé lui aussi et condamné au bûcher en 1310. Alazaïs Beyfat, autre personnage central de la pièce, m'a été inspiré par une certaine Jeanne  dont parle Pierre Maury dans sa déposition. Le personnage d'Alazaïs Beyfat mérite d'ailleurs qu'on s'y attarde un instant. Avec ce personnage, c'est une perception négative du catharisme qui s'exprime ; en effet, sur les scènes deux et quatre, Alazaïs se livre à une violente diatribe contre les Cathares.  Si son propos d'une virulence extrême est le fruit d'une vision fantasmée des choses,  ses attaques soulignent aussi les « excès » du catharisme (l'anecdote du « parfait » interdisant à une femme d'allaiter son enfant est significative). Dire aussi du mal des Cathares, c'est à mon sens leur reconnaître une réalité historique, c'est éviter l'angélisme, le manichéisme. Autre personnage sur lequel  s'articule le spectacle, celui de Sybille Peyre. Bien qu'empruntant son nom à un personnage ayant existé, ce personnage est fictif. S'inscrivant dans le scénario comme une victime de la répression menée contre les Cathares -son père a lui aussi été arrêté- Sibylle est sur le plan scénographique le « fil rouge » du spectacle.  Candide de la tragédie qui se noue dans « Paroles Cathares », elle réalise en quelque sorte par ses questions, ses interrogations, un pont entre le passé et le présent  et interpelle ainsi le spectateur d'aujourd'hui.


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Méthode Documentaire
Par Françoise BRUN


Voici comment j'ai organisé ma recherche à partir des documents que m'a fournis David Maso.
Ma source principale fut la traduction par Jean Duvernoy des registres de l'Inquisition, et notamment l'interrogatoire de Pierre Maury par l'évêque Jacques Fournier.
En effet, ce témoignage m'a paru condenser une somme importante de renseignements.
La mobilité de ce personnage, ses rencontres multiples, nous éclairent à la fois sur la vie des hommes de son temps et sur la religion cathare : dogme, pratique, conditions d'existence des « Bons Chrétiens ».
C'est autour de ces quatre axes que j'ai regroupé les informations que nous avons réutilisées dans le texte dramatique. Celles-ci nous ont permis d'ancrer la fiction dans le cadre historique- avec le plus de véracité possible- et aussi de donner au langage des personnages la tonalité de l'époque.


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Mise en Scène et Scénographie : Sur le Chemin du Spectacle
Par Jacques BRUN


Le parti pris est celui de projeter le spectateur au coeur même de l'espace scénique.Le village tout entier est la scène sur laquelle se noue l'intrigue. En le traversant, de la place basse jusque sur les hauteurs du château, le spectateur plongeant dans le réalisme d'une journée de l'an 1308, va surprendre les protagonistes de l'histoire dans leurs lieux de vie, et devient ainsi le témoin privilégié de l'action.
Différents lieux du village sont donc mis en scène - nous pourrions parler de mise en espace -.
Le village de Montaillou et ses environs offrent de belles possibilités : petites places, fontaines, chemins de terre, vallées en perspective, sous-bois, le château...
Le travail du metteur en scène consiste à mettre en valeur ces différents lieux, à mettre au jour leur substance historique et poétique. Ce travail de valorisation de l'espace doit tenir compte bien sûr de certaines contraintes relatives au confort visuel et auditif  du spectateur, à la nécessité pour les comédiens de se déplacer et de s'exprimer correctement ; mais, en même temps, il doit  faire oublier qu'il s'agit là d'un espace théâtral.
Spectacle mouvant donc, ponctué par différentes stations où il s'agit de guider le public sans pour cela s'adresser directement à lui, d’induire l'action et non de l'imposer.
Ce sont les musiciens qui sont  les passeurs du spectacle. S'inscrivant dans une réalité sur la première scène,  ils deviennent ensuite des personnages intemporels, ils guident les spectateurs à travers les rues du village, et ils ponctuent par leur interprétation les différents moments de l'action dramatique.

L'équipe

Paroles CatharesMise en Scène : Jacques Brun

Texte : Jacques Brun

Partition Musicale : Claire Bonnard, Clément Vuillaume, Pierre Blanchut.

Costumes : Christabelle Saint-Loup

Recherche Documentaire : Maria et David Maso, Françoise Brun

Conseil Historique : Anne Brenon, Jean Louis Gasc, David Maso

Décor : Jean-Yves Rabier

Accessoires : Roger Teychon

Son : Gino Colledan

Administration de la Production : Nathalie Allard

Comédiens : Hélène Azéma, Michel Cordes, Stéphane Munier, Marie-Claude Galinier, Orlane Rome. 

Ainsi que : Geneviève Clair, Françoise Brun, Vincent Sabady, Simone Auriol, Noël Lauffenburger.

Crédits Photos : Jean Louis Gasc, Patrick Gominet, Marina Lauze

Production : Association « Le Castellas », Département de l’Ariège, DRAC Midi Pyrénées.

Dans la presse

 

 

 

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